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Découvrir par la littérature une artiste de cinéma : focus sur Louise Brooks


Bande-dessinée – romanesque – biographie – cinéma – drame – solitude – détente – New York - Etats-Unis - littérature étrangère et française

Un carré plongeant noir surmonté d’une frange nette. Des yeux de braise. Une petite bouche sensuelle savamment maquillée.


Si vous êtes un adepte de l’âge d’or d’Hollywood, vous aurez sans nul doute reconnu derrière cette description la mythique Louise Brooks, alias Loulou, dont le style savamment étudié a fait d’elle l’une des flappers les plus célèbres et a inspiré toute une génération de jeunes femmes.


Quel personnage singulier que celui de Louise Brooks ! Une artiste du cinéma muet douée, magnifique, mais criblée de blessures secrètes. Détestable et pourtant si envoûtante.

Son tempérament de feu signera sa propre perte après quelques années d’une célébrité éphémère et flamboyante.


Après l’ivresse du succès, le désespoir de la solitude et une lente agonie. Un sursaut de reconnaissance dans les années 50 pour retourner avec fracas dans l’oubli.

Voici en quelques mots un résumé de la vie désenchantée de Louise Brooks, qui fut le propre artisan de son malheur.


Véritable légende d’une époque disparue, Louise Brooks a davantage marqué les esprits par son style que par ses films, pourtant de véritables chef d’œuvres.


Beaucoup d’ouvrages existent aujourd’hui sur cette figure d’Hollywood. J’en ai sélectionné deux, plus originaux que des biographies classiques, qui éclairent chacun un pan de la vie de Louise Brooks.



- Le premier est un roman de fiction de Laura Moriarty, Un été avec Louise, qui se focalise sur les premières années de Louise Brooks.


Le roman raconte l’arrivée à New York de Louise, alors jeune fille, et de sa chaperonne, Cora Carlisle. Les deux femmes, bien qu’aux antipodes, sont toutes les deux à un tournant de leur vie. Tandis que Louise, enfin sortie de son Kansas natal, débute sa vie trépidante d’artiste, Cora, elle, est à la recherche d’informations sur son passé.

Louise est bien décidée à profiter de son séjour, au grand dam de Cora qui est dépassée par l’impertinence de la jeune femme.


Le roman n’est pas centré sur le personnage de Louise mais plutôt sur l’époque.

En effet, tout l’intérêt du livre est de ressentir l’ambiance de l’époque, les changements dans la société et le poids des conventions qui reste fort, pour mieux comprendre par la suite en quoi Louise Brooks fut si adulée d’une part et si décriée de l’autre.


Les descriptions historiques sont très bien faites, on plonge totalement dans le New York des années vingt.

Par ailleurs, j’ai beaucoup aimé la manière dont l'auteur explore le caractère de Louise. Laura Moriarty décrit très bien ce personnage paradoxal, brillant sur scène mais si détestable en dehors. On pressent, malgré sa jeunesse, que Louise sera une femme au destin terrible et qu'elle porte en elle les germes de ses échecs.

Le fait que plusieurs intrigues se mêlent rend le roman dynamique et divertissant et apporte à l'ensemble une touche de légèreté et de suspense.


Un roman de détente agréable à parcourir qui reste avant tout une intrigue romancée et la peinture d’une époque. Un bon moyen de toucher au personnage de Louise Brooks sans rentrer dans une biographie complexe.




- Beaucoup plus sombre, le second ouvrage que j’ai sélectionné est une bande-dessinée, Louise, le venin du serpent, de Chantal Van Den Heuvel et Joel Alessandra.

Cette fois-ci, Louise a bien vécu et est à un tournant décisif de sa carrière avec l'arrivée du cinéma parlant.


Ce livre magnétique explore la face très sombre du personnage et son refus de toute règle. Contrairement au roman précédent, qui n’était pas centré seulement sur Louise, et qui était assez léger et romancé, cette bande-dessinée tourne uniquement autour de Louise et de ses démons. L’époque décrite est plus violente, on s’approche de la Grande Dépression et du déclin d’Hollywood. Les couleurs sont très sombres, les scènes dessinées parfois crues, ce qui accentue la mise en avant de l’autodestruction de l’actrice.

En revanche, comme dans le roman, la bande-dessinée parle aussi des tourments de l'actrice. Le personnage n’est pas sympathique et a une part de responsabilité dans son malheur, mais l’évocation de son enfance et de certains drames personnels apporte beaucoup plus de nuances à son portrait.




Passionnée par les années 20, j'étais désireuse d'en apprendre plus sur Louise Brooks et de mieux cerner qui se cachait derrière les magnifiques photos rétro de l'artiste.


Ainsi, j’ai beaucoup aimé ces deux évocations de l’actrice, qui, dans des styles très différents, rendent hommage au talent de Louise Brooks tout en décrivant avec délicatesse la complexité du personnage. A mon sens, le roman est plus abordable et plus léger que la bande-dessinée qui est très sombre. En revanche, le portrait de Louise est plus abouti et complet dans la bande-dessinée. Enfin, comme le roman se situe au début de la carrière de Louise, il évoque beaucoup moins le cinéma que la bande-dessinée.


Les deux ouvrages évoquent une époque, réfléchissent à ce qu’est la célébrité, la brièveté du succès, la beauté qui se fane. A l’heure où à Hollywood on parle encore des difficultés rencontrées par les actrices « mûres », les sujets évoqués sont finalement d’actualité et désenchantent le mythe du cinéma.





- Un été avec Louise de Laura Moriarty, 2013, Fleuve éditions, 416 pages

- Louise, le venin du serpent, de Chantal Van Den Heuvel et Joel Alessandra, 2016, Casterman, 128 pages

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