Focus sur un auteur : Robert Goddard
- Camille
- 8 janv. 2020
- 4 min de lecture
Romans policiers – détente – secrets – Grande-Bretagne – littérature étrangère
Résumés

Pour cette chronique, je vous propose un éclairage sur deux romans de Robert Goddard, un maître du suspense que j’apprécie énormément : Heather Mallender a disparu et Sans même un adieu.
Avec des intrigues totalement différentes, ces deux livres que j’ai lus d’une traite ont un certain nombre de points communs tant dans leur construction que dans la psychologie des personnages et ainsi je trouve cela intéressant de les mettre en parallèle.
Résumé de Heather Mallender a disparu :
Harry Barnett a tout du anti-héros : alcoolique, solitaire, il mène une vie assez médiocre. Après des déboires en tout genre, il a fui l’Angleterre et échoué en Grèce. Son unique ami, Alan Dysart, un politicien britannique qui a bien réussi, a en effet proposé à Harry de garder sa villa loin du monde.
Tout bascule le jour où Dysart invite Heather Mallender, la fille de l’un de ses amis, à venir séjourner dans sa villa. Harry, se prenant d’amitié pour Heather, noue des liens avec la jeune femme et semble revivre jusqu’au jour où celle-ci disparaît lors d’une balade.
Avec son passé trouble, Harry devient bien sûr le coupable parfait. Pour ne rien arranger, la police découvre que Harry connaissait la famille d’Heather pour laquelle il avait travaillé avant d’être licencié. Il finit par être relâché car la police n’a absolument aucun indice ni preuve contre lui.
Accusé de toutes parts, vilipendé par la presse grecque et anglaise, Harry n’a plus qu’un choix : reprendre sa vie en main et prouver définitivement son innocence en retrouvant Heather.
Pour seul indice, il dispose d’une pellicule de photos appartenant à Heather qu’il a retrouvée dans la villa. Une vingtaine de clichés pris en majorité en Angleterre qui retracent les derniers mois de la jeune femme. Harry se décide à rentrer dans son pays natal, prêt à affronter ses vieux démons et à comprendre le mystère de cette disparition, avec pour unique soutien celui de Dysart.
Résumé de Sans même un adieu :
Avant-guerre : Geoffrey Staddon, architecte londonien prometteur, est engagé pour construire Clouds Frome, la demeure moderne d’un homme très aisé. Ce projet lui permet de faire la connaissance de Consuela Caswell, la femme du commanditaire. Une liaison passionnée s’engage entre les deux protagonistes. Consuela, malheureuse dans la famille de son mari, est prête à tout quitter pour Geoffrey et à défier les conventions sociales de l’époque. Mais celui-ci, qui voit sa notoriété grandir grâce à Clouds Frome, abandonne lâchement Consuela au dernier moment pour privilégier sa carrière et en épouser une autre.
13 ans plus tard, en 1923, les aspirations de Geoffrey Staddon ne sont plus ce qu’elles étaient. Après l’incendie de l’un de ses chantiers, il essaie de faire vivoter son étude. La femme qu’il a épousée pour assouvir son ambition est froide et cruelle.
Le coup de grâce lui est donné quand en ouvrant les journaux il apprend que Consuela a tenté de tuer son mari et risque la peine de mort.
Mû par une grande culpabilité et désireux de sauver la femme qu’il n’a jamais oubliée, Geoffrey part en quête de la vérité, risquant de tout perdre au passage.
Pour cela, il doit se rendre là où tout a commencé : Clouds Frome.
Des livres que je recommande car…
Dans les deux romans, les personnages centraux sont deux hommes cassés par la vie, pour lesquels on a de prime abord peu de sympathie car ils ont une existence médiocre et ont un passé peu glorieux. Ils sont lâches, mous, solitaires et honnis par le reste des personnages à qui ils inspirent mépris ou dégoût.

Pourtant, on s’attache assez rapidement à Harry comme à Geoffrey, car leurs faiblesses les rendent très humains et accessibles, davantage que les détectives trop futés ou les personnages lisses de certains romans. L’auteur leur a créé une vraie psychologie, qui se dévoile petit à petit et qui éclaire leur comportement. Les deux héros sont en proie à des regrets sur leur vie passée, aux choix qu’ils ont faits, et s’interrogent sur ce qu’aurait pu être leur vie s’ils avaient agi autrement, comme chacun d’entre nous le fait à un moment de son existence.
La richesse des livres se trouve également dans les multiples personnages qui croisent la route des héros et que l’on soupçonne tour à tour. Ils permettent d’enrichir et de densifier les intrigues.
Chaque roman déploie un univers particulier, j’ai par exemple beaucoup aimé l’ambiance années 20 de Sans même un adieu.
Dans leurs caractéristiques communes, ces romans présentent aussi une même construction. L’intrigue est longue à se mettre en place et il y a parfois quelques longueurs, mais passées les cinquante premières pages laborieuses on plonge dans des récits haletants, remplis de fausses pistes, la clé des histoires n’étant révélée qu’à la toute fin. Les deux romans terminent de manière très inattendue.
Heather Mallender a disparu de Robert Goddard, 2012, éditions Sonatine (publié une premiere fois en 1993 chez Belfond sous le titre Les ombres du passé), 608 pages, existe dans la collection Le Livre de Poche
Sans même un adieu de Robert Goddard, 2016, éditions Sonatine, 672 pages, existe dans la collection Le Livre de Poche
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