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La Saison des feux de Céleste Ng

Dernière mise à jour : 3 mars 2020


Romanesque – famille – secrets – Etats-Unis – ambition – détente - littérature étrangère


Il y a deux ans, le premier livre de Céleste Ng, Tout ce qu’on ne s’est jamais dit, m’avait rendue assez perplexe.

L’histoire est celle d’une famille sino-américaine dont toute la vie est décortiquée après le suicide de la fille aînée. Je n’avais réussi à m’attacher ni à l’histoire ni aux personnages et même si les thèmes abordés étaient intéressants et bien exploités (la communication au sein de la famille, les relations parents/enfants, la difficulté d’avoir des « origines » aux Etats-Unis, le poids du regard des autres…) j’avais trouvé l’ensemble glauque. J’avais été assez déçue par ce roman ovationné par la critique.


C’est donc avec une certaine méfiance que j’ai ouvert le second roman de Céleste Ng, La Saison des feux, méfiance qui s’est bien vite envolée ! Je n’ai absolument pas regretté d’avoir donné une seconde chance à cet auteur, tant j’ai été prise par la nouvelle histoire qu’elle nous conte.


Résumé


Dans ce nouveau roman, Céleste Ng poursuit son exploration de la société américaine en prenant pour cadre une paisible et riche banlieue typique des Etats-Unis. Parmi les résidents de ce quartier doré, la famille Richardson, archétype de la famille respectable.


L’histoire débute le jour où Elena Richardson, la mère, fait connaissance avec ses nouveaux locataires. En effet, par souci de charité (ou par condescendance ?), elle loue à des familles peu fortunées un appartement à bas prix dans un quartier plus modeste. Elle a cette fois-ci choisi Mia Warren, une mère célibataire, et sa fille Pearl. Elle les trouve respectables, et estime qu’elles « méritent » ce coup de pouce. Le décor est planté.


Les relations entre les familles Richardson et Warren sont au début cordiales, d’autant plus que Pearl se lie d’amitié avec tous les enfants Richardson. Chaque famille est interloquée voire subjuguée par le mode de vie si différent de l’autre : les Richardson sont très bourgeois et classiques tandis que les Warren sont artistes et libres.


La tolérance feinte des parents Richardson envers les Warren est mise à mal le jour où Elena découvre que Mia a un secret. Poussée par la curiosité et par l’idée que son intervention ne peut qu'être bénéfique à tous, elle va mettre en route une machine infernale.


Derrière les apparences vont ainsi se nouer plusieurs drames, craquelant le vernis lisse de cette banlieue parfaite.


Un livre que je recommande car…

Plusieurs choses m’ont plu dans ce roman :


- La peinture de cette banlieue américaine, qui m’a rappelée les mois que j’ai passés étudiante près de Chicago. On est vite fasciné aux Etats-Unis par la gentillesse et la chaleur des gens, alors que dans un certain nombre de cas il ne s’agit que d’une façade voire d’une certaine hypocrisie. C’est exactement la même chose dans ce roman où les parents Richardson se targuent d’être ouverts, tolérants, mais au moindre petit incident se révèlent racistes, condescendants et très conformistes. C’est une société qui juge et qui estime avoir l’autorité et les compétences pour dire aux autres ce qui est bien ou mal. Une société qui pense parfois bien agir sans prendre de recul et mesurer les conséquences de ses actions.


- Les portraits de femmes : le roman suit en particulier Elena et Mia, les mères, ainsi que leurs filles. Toutes uniques, avec des aspirations et des caractères qui leurs sont bien propres, elles forment ensemble un portrait de la féminité et des différentes voies que l’on peut prendre quand on est une jeune femme. Chacune à sa manière pense faire les meilleurs choix. De multiples liens se tissent entre toutes, faits de jalousie, d’admiration, d’amour, de sympathie, de malveillance, faisant ressortir chez chacune le pire comme le meilleur de l’âme humaine. Leurs relations sont disséquées : qu’est-ce qui fait une mère ? une bonne mère ? L’introduction d’un personnage secondaire, une chinoise immigrée dont le bébé a été adopté par une famille qui a du mal à intégrer les origines du bébé, amène d’autres questionnements encore plus profonds sur la maternité, le poids des origines, l’importance ou non de la transmission de valeurs culturelles.


- Le rythme : à la manière d’un roman policier, on suit de manière haletante l’enquête menée par Elena Richardson et on observe fébrile, les conséquences en cascade de cette quête de la vérité en appréhendant le dénouement.


Un roman fin et complexe derrière une histoire de mœurs.


Vous aimerez si

- Vous appréciez démêler les secrets de famille

- Vous aimez les personnages féminins forts

- Vous voulez découvrir une facette de l’Amérique vue par un écrivain au regard acerbe et distancié



La Saison des feux de Céleste Ng, publié en 2018, Editions Sonatine, 384 pages (existe en format pocket)

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