Le sursis de Jean-Pierre Gibrat
- Camille
- 15 janv. 2020
- 2 min de lecture
Dernière mise à jour : 9 mars 2020
Bande-dessinée - Deuxième guerre mondiale – Drame – Secrets – France d’hier - Romance
Résumé

Une approche de la seconde guerre mondiale pour le moins originale : Julien, jeune soldat que tout le monde croit mort, revient en cachette dans son village natal et se terre dans un pigeonnier qui domine la ville. Un vrai déserteur, l’inconfort du maquis en moins.
De son poste stratégique, il va passer l’Occupation à observer ses anciens camarades, connaissances et familiers, entre ceux qui tentent de vivre le plus normalement possible, ceux qui s’engagent d’un côté ou de l’autre et ceux qui essaient de tirer leur épingle du jeu. Tout est passé au crible sous l’œil cynique de Julien : les petits trafics, les relations des uns avec les autres, les différentes manières de survivre à la guerre.
En somme, Julien est le spectateur privilégié de la vie d’un village français typique des années 40.
Parmi toute une galerie de personnages, Julien ne se lasse pas d’observer en particulier Cécile, son amie d'enfance, une magnifique jeune femme. Cela ne fait que renforcer sa solitude et son ennui.
Cette vie de lâche dans le pigeonnier aura-t-elle une fin ?
Une bande-dessinée que je recommande car…
Incontournables de ma bibliothèque, ces albums font partie de mes bandes-dessinées préférées et je ne me lasse pas de les lire et de les relire.
- La première raison de mon attachement est sans nul doute due au scénario. Les personnages sont attachants, spirituels pour certains, terre à terre ou encore cruels pour d’autres. Entre fiction et réalité, on est plongé dans un univers plein d’humanité.
Julien, le moins courageux a priori, donne matière à réflexion. Le seul à ne pas s’engager, il subsiste grâce à ce que lui donne sa tante (qui sait qu’il n’est pas mort) et vit de loin les privations de la guerre. Pourtant, on ne peut s’empêcher de l’apprécier, pour son regard désabusé et souvent drôle sur les événements et sur la manière dont ses proches s’adaptent à l’Occupation. On finit par se demander si ce n’est pas lui qui avait raison de se cacher.
Les répliques sont bien trouvées, tantôt cyniques, tantôt profondément drôles dans un contexte pourtant bien morose. Gibrat réussit sous sa plume à créer un univers léger teinté de romantisme malgré le poids de l’Histoire.
- La seconde raison, c’est bien sûr la délicatesse et la poésie du dessin. Les traits sont fins, renforcés par une mise en couleur subtile qui fait de chaque petite case une belle œuvre. Comment ne pas être jalouse de la belle Cécile ?
Le tout forme un ensemble plein de charme, à la fois doux et mordant, dont se dégage une certaine mélancolie. On dévore les pages les unes après les autres en appréhendant la fin et le sort réservé à chacun des personnages.
Vous aimerez si
- Vous êtes sensibles à la beauté du dessin, le scénario ne pourra que vous plaire
- Vous avez envie de découvrir un personnage indescriptible, aussi lâche qu'attachant
Le sursis de Jean-Pierre Gibrat, bande-dessinée en deux tomes, 1997, Dupuis collection Aire libre, 56 pages
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