top of page

Merci d’avoir survécu d’Henri Borlant

Dernière mise à jour : 9 mars 2020

Autobiographie – Témoignage – histoire – Seconde guerre mondiale – littérature française



A l’occasion de la journée commémorant le 75e anniversaire de la libération des camps par les Soviétiques, j’ai fait la lecture du témoignage d’un survivant français, le médecin Henri Borlant.

Il est le seul survivant des six mille enfants juifs de France de moins de seize ans déportés à Auschwitz.


Comme tous les témoignages de cette période, son histoire est très prenante et bouleversante.


On suit la destinée du jeune Henri envoyé avec son père, un frère et une sœur en camp de concentration.

Sa mère et cinq autres frères et sœurs sont épargnés par la déportation mais vivent dans une précarité extrême les années de guerre.


Un témoignage très fort, empreint de beaucoup de courage car Henri parviendra à survivre à la faim, au froid, à la maladie, aux coups, jusqu’à s’évader de camp.


Ce qui m’a particulièrement touchée dans ce livre est la partie du récit consacrée à la période d’après-guerre qui n’est pas toujours racontée par les survivants.

Henri Borlant raconte ses difficultés de réinsertion, le manque de suivi médical et psychologique, et enfin le peu d’aide voire le désintérêt de la société qui ne veut pas qu’on lui rappelle le conflit.

Par exemple, lorsque Henri revient de camp, il n’est pas allé à l’école depuis plusieurs années et aucune initiative n’est mise en place pour aider les jeunes dans son cas.

Il n’a qu’à se débrouiller pour rattraper son retard voire abandonner ses études.

Par ailleurs, j'ai été très marquée par le fait que beaucoup de gens de l’entourage d’Henri Borlant ont refusé d’écouter son histoire, la jugeant trop dure, ou encore par gêne, par honte. Ce cadenas de la parole a beaucoup pesé sur lui, car en occultant son histoire et en faisant comme si rien n’avait existé, c’était lui interdire d’exprimer ses souffrances, de reconnaître qu’il avait vécu l’impensable, et tout simplement risquer qu’un même drame se reproduise.


Henri Borlant est aujourd’hui l’un des témoins majeurs de la Shoah en France, notamment auprès des adolescents. Il répond d'ailleurs dans son ouvrage à un certain nombre de questions qu’on lui pose souvent lorsqu’il témoigne. Il fait également part des interrogations qu’il avait eues en rentrant et qui le hantent parfois toujours. Pourquoi avoir survécu ? Quelle chance a-t-il eu ? Pourquoi cela s’est-il passé ? Quels risques dans notre société actuelle que de tels drames se produisent à nouveau ?


L'ouvrage est rédigé avec un style assez pudique, très simple et accessible.

Aussi, grâce à cette simplicité dans les mots et à la justesse du ton, je trouve que ce livre est particulièrement adapté à des adolescents avec qui on voudrait aborder le délicat sujet de la Soah et à toute personne qui ne se sentirait pas prête à lire des ouvrages plus complexes (par exemple celui de Primo Levi).


Un ouvrage destiné à faire son devoir de mémoire et à témoigner.



Merci d'avoir survécu de Henri Borlant, 2011, éditions Seuil, 192 pages

Comments


bottom of page